Il y eut l’attente…
Il y eut l’attente dans cette gare de campagne. Peu de maisons alentour. Aucune présence humaine apparente, dormaient-ils encore ? J’en doute. Je les imagine actifs depuis l’aurore, mais discrètement. Le temps n’est pas fait pour être montré, comme en spectacle, mais habité.
Ici, nous ne sommes pas en ville où tout est parade, démonstration, spectacle. La foule suscite l’exhibition. Le nombre attire la compétition et tue le silence. En ville, seuls demeurent les bruits, les plus diffus ne peuvent être entendus et donnent l’illusion d’un silence.
Quelques mots écrits à la hâte sur une feuille. Quelques flocons d’une neige sale et fragile sur un sol improbable. Une voix, perdue dans la foule, qui se souvient. Une route, aussi, qu’il faudrait choisir. L’oubli de la mémoire est sans doute un refus. J’aimerais connaître le jour précédant ma naissance.
Ce repli du temps caché à tous. J’aimerais comprendre le secret de l’univers, celui qui nous fait tous courir comme des chevaux inconscients de leur mort prochaine.
J’aimerais trouver le silence, cette absence de bruit idéale, ce Graal du musicien.