La vie dans son essence la plus pure...
La vie dans son essence la plus pure jaillit. Comme une source liquide, solide ou éthérée. L’eau, bien sûr, le jaillissement d’une cascade, qui d’ailleurs, peut être cascade en réduction. La goutte d’eau s’échappant du robinet. Ou bien encore le filet d’eau coulant entre deux pierres. L’idée, ici encore, déborde du signe.
La cascade fut toujours, en mon esprit, porteuse d’un sens multiple, au-delà du désir sublimé ou bien d’une pureté qui n’a, me semble-t-il, de réalité autre que théorique… Le sens n’est pas le mot, moins encore le signe, et ne saurait être réduit à une définition, explication mercantile pour guide touristique. De la cascade au fleuve, cette rivière pour géants, l’imagination demeure notre troisième œil, et de cet œil jaillit la source de la vie.
Le fleuve est un torrent qui aurait pris des habitudes. Comme moi sans doute. Pourtant je ne me sens pas fleuve. Ruisseau peut-être, caché dans les sous-bois. L’expression de la puissance n’est pas de mes désirs. Les fleuves, même les plus indisciplinés, respectent l’ordre extérieur. Le ruisseau suit son chemin sans se préoccuper de l’ordre du monde. Il possède sa propre organisation et n’en est pas possédé. Il est l’ordre, le vrai, celui exempt de structures, sans cesse changeant, toujours exact. La vanité est sans doute un défaut.
Le torrent, de principe aquatique, est pourtant l’essence même du brasier. Le jaillissement multiple de la source, origine du torrent, est infiniment plus proche de l’image solaire que ne peut l’être le feu.
La terre, l’eau, l’air, le feu… Ces symboles élémentaires sont signes plutôt qu’entités fondamentales. La pierre, le brasier ou la source, ainsi que le vent, sont entités charnelles avant d’être signes. Quatre univers remplacent les éléments. L’un d’entre, le vent, des trois autres se compose. La pierre est sa chair, le brasier est son cœur, la source son sang… L’air ne saurait contenir le vent, qui est matière et esprit, voix multiple et solitude, l’infini rejoignant l’absence.
Le vent ne s’explique pas. Le vent ne se peut conquérir. Le vent ne saurait être maître ou esclave.